Qui dit Camargue, pense Arles et Saintes-Maries-de-la-Mer. Pourtant, à l’autre extrémité du delta du Rhône, à l’embouchure du fleuve, Port-Saint- Louis aussi en fait partie. Méconnue, cette ville portuaire conserve de son passé industriel des friches audécor et à l’ambiance cinématographiques. C’est ce patrimoine à l’abandon, avec la nature qui reprend petit à petit ses droits, ses vestiges d’entrepôts et d’usines, mais aussi ses poteaux électriques et ses carcasses de voitures, que dessine, sans complaisance mais avec bienveillance, Lotfi Mezlini (photo).
L’enfant du pays a grandi ici, y a travaillé avant de passer de l’autre côté de l’usine et d’étudier le design industriel, avec le rêve qu’en améliorant les outils de fabrication, il puisse aussi améliorer les conditions de travail des ouvriers.
Son diplôme supérieur en arts appliqués en poche, Lotfi Mezlini choisit finalement la transmission en devenant lui-même professeur de design au lycée Jean-Perrin de Marseille où il a étudié. Son attachement indéfectible à sa ville d’origine se traduit alors par sa passion à la raconter et à la dessiner à la pointe extrafine sur des cartons alvéolaires, à la fois planches à accrocher et sculptures à poser. Les cartons, issus d’emballages, imposent par leurs formats le sujet traité et son cadrage. Chaque bâtiment, chaque objet est dessiné et documenté dans ses moindres détails. Pas un personnage dans les dessins et, pourtant, Lotfi Mezlini l’affirme : ceux qui ont consacré leur vie à travailler dans ces bâtiments, et leurs familles, sont tous là. À travers l’hommage qu’il leurs rend, le dessinateur ne propose pas seulement un travail de mémoire et d’archive graphique, mais nous invite à poser un regard nouveau sur ces friches.
Texte par Bettina Lafond
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